Les
proches autorisés à demander des dommages et intérêts
Firmin Mahé, ici avec son fils |
Olivier Leurent, juge à
la Cour d’assises de Paris a déclaré, hier, recevable la constitution en partie
civile des proches de Firmin Mahé, l’Ivoirien, abattu par des éléments de la
force Licorne. Ils sont donc autorisés à demander des dommages et intérêts. Le procès s’est ouvert le mardi 27 novembre.
Il met en cause quatre anciens militaires français. Colonel Eric Burgaud, adjudant-chef
Guy Raugel, brigadier-chef Lianrifou Ben Youssouf et Johannes Schiner. Au
moment des faits, ils faisaient partie de l’effectif de la force
d’interposition française en Côte d’Ivoire. Tous ont quitté l’armée,
aujourd’hui. Les avocats des quatre anciens
militaires de la force Licorne en Côte d'Ivoire jugés pour le meurtre de Mahé
en 2005 avaient demandé lundi soir à la Cour de déclarer irrecevables ces
parties civiles. Mais le juge en a décidé autrement. Selon les informations en
possession de l’armée française Firmin Mahé était l’auteur de nombreuses
exactions dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Il a été intercepté le 13 mai 2005
à Bangolo par une patrouille de la force Licorne, alors sous le commandement du
général Henri Poncet. Pourchassé dans les marais, Firmin Mahé a reçu une balle
à la jambe. Lors de sa comparution à la barre, le 29 novembre, le colonel Eric
Burgaud a reconnu avoir donné l’ordre d’éliminer ce dangereux ‘’coupeur de route’’. Notre confrère
‘’Jeune Afrique’’ dans sa version électronique a écrit le 30 novembre dernier reprenant
les propos du colonel à la retraite: ‘’ « J’avais deux petits garçons, reprend-il. Et
oui, je n’ai pas tout dit, j’avais peur d’aller en prison et que toute ma
famille parte avec tout ça. » Évoquant ses coaccusés, il ajoute : «
Aujourd’hui, ils ont l’homme et l’officier qui assume ses responsabilités, qui
assume avoir donné un ordre illégal et qui assume avoir été lâche, indigne. »
C’est la première fois, malgré cinq auditions face au juge d’instruction et
sept années écoulées que l’ancien Colonel Burgaud fait de telles déclarations.
Aujourd’hui, il tient à le dire, il « assume ».’’ Mais cet
ordre, il a affirmé le tenir du commandant en chef de la force Licorne, le
général Henri Poncet. ‘’Vous remontez
Firmin sur Man (nord-ouest du pays) et vous roulez doucement’’, avait-il
dit à son passage devant le juge de la cour d’assise. Selon ses explications,
l’ordre de l’exécuter, était contenu dans le groupe de mot, ‘’rouler doucement’’. Comment ‘’rouler doucement’’ alors qu’on a un
blessé. L’ordre certes implicite était très clair pour lui. Il l’a transmis à
l’adjudant-chef Guy Raugel qui l’a exécuté en étouffant Mahé Firmin avec un sac
poubelle et du ruban adhésif. Mis en examen dans cette affaire, le 13 décembre
2005 pour complicité d’homicide volontaire, le général Henri Poncet a bénéficié
d’un non-lieu, requis par le procureur du Tribunal aux armées de Paris (Tap),
le 17 mai 2010. Il avait indiqué qu’il n’avait donné aucun ordre pour liquider
l’Ivoirien. Hier encore devant les hommes de loi de la Cour d’assises de Paris
a maintenu avec force sa position.
ETIENNE ABOUA
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