Malaise ou crise
profonde ?
Les démons de la division sont-ils de retour ? Quelques semaines après la réunion du Bureau politique du 02 juin dernier qui avait aplani les divergences de vues, le plus vieux parti de Côte d’Ivoire est atteint d’un nouveau prurit.
Djédjé Mady et Henri Konan Bédié: crise de confiance? |
Les démons de la division sont-ils de retour ? Quelques semaines après la réunion du Bureau politique du 02 juin dernier qui avait aplani les divergences de vues, le plus vieux parti de Côte d’Ivoire est atteint d’un nouveau prurit.
Poussée de fièvre ou
mal profond ? Le Pdci-Rda offre, depuis quelque temps, l’image d’une
formation politique au bord de l’implosion. La guerre à fleuret moucheté que se
livrent certains cadres de ce parti sur l’organisation du congrès semble n’avoir
pas été résolu à la réunion du Bureau politique du 02 juin dernier. Et pourtant, tout semblait avoir été clarifié
à cette rencontre : ‘’ Au terme de
ses travaux, le Bureau politique souhaite l’appropriation du présent rapport
par le prochain Congrès dont la convocation est devenue une nécessité et
devrait se faire dans les meilleurs délais, après les prochaines élections
locales.’’ Le remue-ménage qui a
précédé cette réunion et les différents épanchements des cadres ont donné l’impression
qu’il s’agissait d’un simple malaise, d’une poussée de fièvre pour permettre au
Pdci-Rda de s’adapter aux nouvelles réalités et se lancer à la reconquête du
pouvoir. Mais la récurrence des divergences démontre qu’il s’agit d’une
véritable crise. Certains n’hésitent à franchir le pas. Il y a une crise de
confiance entre le président de ce parti, Henri Konan Bédié, et ses
collaborateurs. Ils en veulent pour preuve la récente guéguerre entre les
membres du conseil politique et lui. Les membres du conseil politique conduit
par Lambert Amon Tanoh ont ouvertement protesté contre leur mise à l’écart de
la réunion du Bureau politique du 02 juin qualifiée de capitale pour la bonne
marche de ce parti. La crise actuelle
est née de la décision n° 2012/P.Pdci-Rda du 12 juillet 2012 du président du
Pdci-Rda de mettre sur pied un comité ad hoc de 46 membres chargé, comme
l’indique l’article 1, ‘’de la
préparation du XIIème congrès ordinaire’’ de ce parti. Décision suspecte, selon certains cadres.
Débat
contradictoire au sein du comité de direction
Pour eux, ‘’il y a quelque chose de pas très claire
dans la composition de cette équipe’’. Alors qu’il est resté longtemps
rétif à la tenue d’un congrès, Henri Konan Bédié décide de la création d’un
comité dont le choix des membres s’est fait sur des critères connus de lui seul.
Conséquence, l’équipe constituée ne fait pas l’unanimité. Des militants l’ont
fait savoir de manière bruyante, lors de la rencontre du comité de direction,
le lundi 16 juillet, et pendant la réunion du secrétariat général du mercredi
18 juillet. A la rencontre du comité de direction, le secrétaire général du
Pdci-Rda, Alphonse Djédjé Mady, a révélé qu’il n’a été ni consulté, ni informé.
C’est d’ailleurs le plus grand reproche des cadres de ce parti. Ils estiment
que le Pdci étant un parti de dialogue, tout doit se faire de façon
consensuelle, même si la décision appartient au président, lequel a été investi
par le congrès. Pour les plus anciens du parti, qui se réfèrent aux pratiques
en cours sous Félix Houphouët-Boigny, c’est le secrétaire général et ses
collaborateurs qui proposent au président le comité d’organisation. Celui-ci l’approuve,
bien souvent, après quelques amendements. Selon ces anciens, le parti a
toujours fonctionné ainsi. Et c’est peut-être pour avoir admis ce vice de
procédure établi depuis plus de 30 ans qu’Henri Konan Bédié a demandé à son
porte-parole, Niamkey Koffi, le mercredi 19 juillet, de justifier la
composition de l’équipe de 46 membres.
La
justification du porte-parole du président du Pdci
‘’Le
président du parti tient à rappeler que cette commission placée sous son
autorité, constitue un groupe de travail qu’il s’est donné pour servir de force
de propositions. Naturellement, elle ne saurait se substituer aux organes
statutaires du parti bien qu’elle s’inscrive dans la nouvelle de l’innovation
de nos méthodes de gestion du parti, telle que souhaitée par le Bureau
politique du 2 juin 2012. La décision du président Bédié sacrifie également à
la stratégie de la division du travail pour accroître l’efficacité du parti qui
est confronté, dans cette conjoncture de compétition politique, à l’obligation
de réussir les élections locales et législatives partielles qui s’annoncent.
Dès lors, la création de la commission chargée de la préparation du XIIème
congrès ordinaire vient alléger la tâche du secrétaire général en lui laissant
le temps de se consacrer pleinement à la gestion du parti au quotidien’’,
a-t-il affirmé, dans sa déclaration, en vue d’arrondir les angles. Mais pour
les contestataires, l’organisation du congrès et des élections locales font
partie de la gestion du parti. Cette justification, selon des observateurs, est
la preuve que le malaise est profond. Selon eux, pour le comprendre, il faudrait
remonter en 2002, au dernier congrès du parti sexagénaire. A les en croire,
depuis la désignation du secrétaire général à cette grand’messe du Pdci-Rda, un
climat de méfiance s’est installé. Ils expliquent qu’Alphonse Djédjé Mady était
le choix d’anciens barons de ce parti. Ceux qui ont accusé Henri Konan Bédié de
vouloir remplacer le Pdci-Rda par le Club national Bédié (Cnb). Ainsi donc
s’est installé un climat de suspicion. Pour appuyer leur argumentaire, ils ont
évoqué l’épisode ‘’Mady soutien son frère
Gbagbo’’. Cette phrase, en effet, a été souvent entendue dans certains
cercles du parti.
Chacun
joue son destin
A la vérité, disent nos
sources, les camps en présence jouent leur destin. Henri Konan Bédié qui veut
rester maître du jeu et garantir une stabilité au parti manœuvre pour se
maintenir ou, à défaut, proposer quelqu’un de très proche. En face, il y a ceux
qui pensent qu’il est l’heure de tourner la page. Cette tendance gagne du
terrain dans le vieux parti. Le Pdci-Rda est traversé par des courants
contraires, signe qu’il est à la croisée des chemins. C’est son rôle de
formation leader du microcosme politique ivoirien qui est en jeu.
ETIENNE ABOUA
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